Manfred

Musique : Piotr Ilyitch TchaikovskiChorégraphie : Rudolf Noureev –  Costumes : Nicholas Georgiadis Photo Jean Guizerix

Ballet créé pour le Ballet de l’Opéra national de Paris le 20 novembre 1979, au Palais des Sports, avec Jean Guizerix et Wilfride Piollet dans les rôles-titres.

Dans le poème de Byron, Manfred semble prédestiné à détruire ceux qu’il aime. En vain, entreprend-il de rechercher Astarté, Esprit idéal qui détiendrait le pouvoir d’apaiser le sentiment de culpabilité qui l’obsède. Manfred, dans sa version chorégraphique, est un libre jeu de l’imagination sur ce thème, auquel ont été associés des motifs empruntés à d’autres poèmes de Byron. Rudolf Noureev s’inspire également du livret que Tchaïkovski avait tiré de l’œuvre originale. Les personnages et les événements qui surviennent dans le ballet font, en outre, allusion à la vie même de Byron. On y retrouve les amours et les haines de sa jeunesse, sa quête inlassable de la sagesse et de la paix, dans l’amitié, l’amour et la ferveur patriotique.

« C’est à Washington qu’un soir de fête Rostropovitch m’a soufflé l’idée de ce ballet. Vous savez que Berlioz avait souhaité composer une vaste symphonie inspirée par le poème de Byron. De passage en Russie, il en a offert le plan à Balakirev qui lui-même l’a transmis à Tchaïkovski. Ce dernier dira dix ans plus tard… « Ainsi ai-je écrit mon chef d’oeuvre ».

[…] J’ai préféré me limiter à l’action psychologique, ce qui implique une étude confondue des caractères de Manfred et de Byron lui-même. Byron à travers son héros magnifie la souffrance morale engendrée par le remords. Manfred devient alors un demi-dieu, une figure titanesque. […] Je suis un chorégraphe classique qui a étudié et découvert les vertus de la « modern dance » grâce à Glen Tetley ou Paul Taylor. J’ai donc appris à échapper aux règles contraignantes et à construire des chorégraphies soucieuses de traduire le plus profondément possible des situations dramatiques.»

Noureev se passionna pour ce sujet, lisant tout ce qu’il pouvait trouver sur la vie de Byron. Il s’identifia bien évidemment d’une certaine façon au poète, romantique maudit, étranger dans le monde : « Mes joies, mes chagrins, mes passions, et ma force même, faisaient de moi un étranger.» Victime d’un accident, Noureev assura les répétitions avec un pied dans le plâtre et ne put danser la représentation de création de Manfred, Jean Guizerix le remplaça. Le 15 décembre 1979, le chorégraphe incarnait enfin ce rôle bâti sur un personnage clé du mouvement romantique qui, par bien des côtés, lui ressemblait comme un frère. Une version remaniée, sans décor, dans des costumes de Nicholas Georgiadis, fut présentée à Zurich et reprise à l’Opéra de Paris en 1986. M.K. « Dans le poème de Byron, le héros, figure surhumaine, est voué par le destin à détruire ceux qu’il aime. En vain entreprend-il de rechercher Astarté, esprit idéal qui détient seul le pouvoir d’apaiser le sentiment de culpabilité dont il est obsédé. L’argument de Manfred, dans sa version chorégraphique, est un libre jeu de l’imagination sur ce thème fondamental auquel ont été associés des motifs empruntés à d’autres poèmes autobiographiques de Byron. On s’est également inspiré du livret que Tchaïkovski avait extrait de l’oeuvre originale. Les personnages et les événements qui sont la trame de cette histoire proviennent de la vie de Byron lui-même. On y retrouve donc les amours et les haines de sa jeunesse, sa quête inlassable de la sagesse et de la paix, dans l’amitié, dans l’amour, dans la ferveur patriotique. » Programme de Manfred, Palais des Sports, 1979