Influence chorégraphique de Rudolf Noureev

« Pour moi, une oeuvre d’art est quelque chose qui est en vie. Etre fidèle à l’esprit d’une oeuvre est plus important que d’être exact. »
Rudolf Noureev

On retrouve chez le chorégraphe et le maître de ballet la même détermination: garder la rigueur et respecter le patrimoine tout en modernisant l’interprétation.

En remontant les « classiques » Rudolf Noureev insuffle une vigueur nouvelle aux oeuvres du patrimoine :Rudolf Noureev cherche à inscrire le ballet dans une logique dramaturgique – mettant en lumière les aspects psychanalytiques du Lac des cygnes, de la Belle au bois dormant ou de Casse Noisette, souvent édulcorés dans les productions traditionnelles – il trouve des motivations psychologiques aux comportements des personnages (un pas ou un enchaînements ne devant pas être formel, mais l’expression de la pensée ou du sentiment du personnage). Ainsi, Rudolf dépoussière le ballet classique de ses routines convenues.Noureev conserve les variations des danseuses – transmises par la tradition, d’interpète à interprète – mais étoffe les variations du danseur ou en crée de supplémentaires. Il invente des parties dansées pour les garçons du corps de ballet qui sont souvent réduits à l’état de « porteurs » ou d’aimables figurants dans les ballets de la fin du XIXème siècle.

Noureev manifeste une prédilection pour les ensembles, avec de grandes traversées en diagonale, divise les groupes en deux, en quatre, en huit pour construire des effets en « canon ».

Il aime intégrer d’autres langages – du baroque à la comédie musicale – à la technique classique (les variations d’Abderam qui n’existaient pas dans la Raymonda de Petipa, empruntent à la fois aux danses géorgiennes et à Paul Taylor).

Le langage chorégraphique de Rudolf Noureev tenait en grande partie aux positions, aux épaulements, aux croisés et aux passages du poids du corps qui permettaient de ne jamais arrêter le mouvement.

Ses enchaînements étaient très influencés par les danses de caractère, il affectionnait les rythmes avec le temps en bas, dans le sol, et nous donnait en exemple les chorégraphies du Petipa et Balanchine.

Rudolf avait une passion pour les grandes valses, et toujours envie de chorégraphier des trios sur ces passages musicaux. La longue variation lente du Prince dans La Belle au bois dormant, du pur Noureev, est pour moi exemplaire. Elle va jusqu’au bout des possibilités techniques du danseur et fait naître l’émotion par cette tension et son adéquation avec la musique. La poésie vient de la rigueur et non du décoratif.