Influence technique de Rudolf Noureev

« Technique is what you fall back on when you run out of inspiration »


Rudolf demandait aux danseuses un travail de pointes puissant, rapide, aux positions nettement définies : arrêté/ pointé/ cinquième et tout particulièrement croisé, et une présentation impeccable du bas de jambe, tout ceci avec une grande musicalité.

Pour les garçons, il s’attachait à la grande batterie, aux assemblés collés, très «articulés» ou «détachés», aux ronds de jambes doubles et toujours, bien sûr au travail du bas de jambe. Ses chorégraphies étaient très fortes, présentes. Ne cédant jamais à la facilité, il voulait, si le thème musical revenait quatre fois, que l’on fasse le pas quatre fois, avec la même pureté et la même simplicité (ce qui est – au fond – le plus difficile !), la répétition enrichissant l’impression de rigueur et de beauté. Il recherchait l’extrême : des piqués arabesques étirés au maximum, avec des bras allongés, des lignes toujours plus portées à l’infini. Elisabeth Platel

Les jambes s’expriment dans un langage classique, clair, net – avec des cinquièmes positions impeccables – tandis que le buste et les bras, devenus très souples (traités de façon moins strictes) offrent une sensation de liberté et de lyrisme.La « variation lente » qu’il a réglée au premier acte de son Lac des cygnes pour traduire la rêverie du prince Siegfried est, à ce sujet, significative : le vocabulaire utilisé est des plus traditionnels (arabesques/ pas de bourrée / jetés), mais les ports de bras, les renversés en arrière, les changements de direction sont d’une facture plus moderne. Charles Jude

Il voulait voir si « l’impossible » était tout de même «faisable», ce qu’il avait appris de la technique contemporaine pouvait se combiner avec la technique classique : par exemple que la danseuse tourne en pirouettes « décalées » – ce qui est assez aisé à faire à pieds plats – mais en l’exécutant sur pointes !…Et l’on devait tenter l’exercice jusqu’à ce que l’on réussisse… L’ «exploit» étant ensuite salué de sa part, avec un large sourire : « Tu vois, ça marche ! ».
Et c’est vrai que pour l’interprète qui se livrait à cette expérience, c’était excitant d’explorer ainsi de nouvelles possibilités de pas ». Patricia Ruanne

LES SAUTS

Dans la danse classique, les sauts visent l’élévation dans la verticalité, mais dans la danse moderne, ils traversent horizontalement l’espace.

Noureev mit en pratique une combinaison des deux : sauter très haut en se déplaçant

dans la largeur de la scène (glissade/ assemblé, pieds joints en l’air) donnant au spectateur l’impression que le danseur vole et reste un instant suspendu.